Je ne sais pas faire. Mon coeur est froid, ma peau est froide, mes larmes ont gelé. J'ai besoin de sa lumière et de sa chaleur. Évidemment !
J'ai poussé grâce à son influence. Le soleil ne se prend pas au sérieux, il estime qu'il ne fait qu'exister. « C'est pas grand-chose, n'en fais pas tout un plat ! »
Le soleil refuse les compliments, mais il est difficile de nier son pouvoir. Même un aveugle sent la bonté du soleil !
Tu es parti, petit soleil, et plus rien ne pousse. Des sirènes d'alarme déchirent la nuit glaciale, mais rien ne bouge. Les malheureux frigorifiés n'ont plus la force de se débattre.
Se rappelleront-ils, que qui est pris dans le blizzard a tout intérêt à se rapprocher de ceux qui l'entourent ? Tenir bon ne suffit pas, il faut le faire à plusieurs.
Ton manteau, mes gants, son sourire, sa tente. Sa pensée à elle. Petit soleil, ton souvenir nous réchauffe.
Au coeur de la bérézina, je n'hésiterais pas à me saisir des rares braises qui me restent de ton feu d'antan. Aïe ! Mais quel bonheur. Mes mains me brûlent, et mes yeux me brûlent, il ne faut pas regarder le soleil, pas vrai ? Cela me soulage, et cela me fait mal. Bah. Plus rien n'a de sens depuis ton départ, petit soleil, alors je ne m'étonne plus.
Saurais-je retrouver du sens, même sous une forme nouvelle, dans cette nuit sans fin ? Comment les Islandais, les Sibériens, les Canadiens, et les pingouins ? Ils savent, eux, comment survivre à la nuit, au froid, et au désespoir. Je vois des groupes assemblés autour de feux de camp dans l'obscurité. Ils chantent, ils dansent. Ils écoutent, ils taquinent. Ils contemplent le brasier qu'ils ont eux-mêmes allumés, ils réfléchissent. Leurs pensées fusent, encouragées sans doute pas la danse frénétique des flammes. Peut-être se rendent-ils compte que ce moment partagé, qu'ils ont créé, leur suffit ? Peut-être s'éclairent-ils du souvenir du soleil, qu'ils portent dans leur coeur ? Peut-être parviennent-ils à partager ces souvenirs, et à en recevoir de nouveaux, curieux et drôles, différents ?
Petit soleil. Dans le froid, il vaut mieux marcher. Lentement, mais sûrement.